Le forum de l'audience N°13 - La lettre du CESP
Valérie Morrisson


ÉDITORIAL
Marier les données, un enjeu croissant pour les études d’audience

Nous avons choisi de consacrer le dossier de cette newsletter aux techniques d’enrichissement et de rapprochement de données. Fusions, modélisations, ce que certains instituts appellent hybridation, sont des techniques qui sont amenées à se développer dans la mesure d’audience.
En effet, la fragmentation de l’offre, le développement de propositions commerciales multi-supports de la part des régies, la quête d’une granularité de mesure toujours plus fine confrontés aux limites de ce qu’un individu peut restituer ou accepter de fournir sur ses comportements media rendent plus que jamais nécessaire de procéder à des rapprochements de données :  entre panels couvrant différents terminaux, entre sources d’information user-centric et site-centric voire ad-centric…
Dans ce contexte, le rôle du CESP consiste à valider la qualité des sources retenues puis celle des techniques statistiques utilisées pour marier les données afin de garantir la représentation la plus fidèle possible de la réalité des usages.

Bonne lecture

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  SOMMAIRE
 
Une mission confiée au CESP par le SRI et l’UDECAM Etudes d’audience : l’utilisation de la modélisation et de l’hybridation chez Mediamétrie
Aurélie Vanheuverzwyn, Directrice Data Science chez Médiamétrie, a répondu à nos questions sur le recours grandissant à ces techniques pour créer des mesures de l’audience plus économiques et plus riches.
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Comment communiquer si l’on ne parle pas le même langage Points de repère : les fonctions-outils du médiaplanning Pour bien comprendre de quoi on parle, courts extraits de l’ouvrage à paraître Fondements conceptuels et méthodologiques du médiaplanning, écrit conjointement par Jean-François Canguilhem et Marie-Pierre Cueff.
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Le point de vue de l’annonceur Comment le CESP a accompagné MediaTransports dans le premier audit de l’affichage digital A la demande de MediaTransports le CESP a réalisé l’audit des deux modèles d’estimation de l’audience DOOH* – Mobimetro (dans le réseau ferré RATP) et Mobigare (dans les gares) – dont la mesure des performances repose sur une modélisation des déplacements (itinéraires) des utilisateurs.
Entretien avec Eric Merklen, Directeur Général Marketing, qui explique pourquoi il ne peut y avoir de mesure de l’affichage sans modélisation et quel a été l’apport du CESP.
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Aller plus loin dans la compréhension des solutions Mesure de l’audience télévision : pourquoi GfK a choisi la voie de la modélisation pour les cinq ans à venir Les explications de Dominique Vancraeynest, Global Lead Business Development Media Measurement du groupe GfK, qui nous parle du projet prioritaire « Audience Ascription Model ».
Présenté dans plusieurs pays en Europe – Allemagne, Italie, Belgique et Pays-Bas – il a pour objectif de combler les lacunes actuelles tenant à l’obligation d’avoir des échantillons de plus en plus importants, vu la fragmentation de l’offre et la diversification des comportements.
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Aller plus loin dans la compréhension des solutions Comment comScore utilise la technologie SAT La modélisation dans les mesures d’audience chez comScore passe par l’algorithme SAT (Session Assignment Technology). Barbara Jarzad, Senior Vice President Panel Science chez comScore a répondu à nos questions.
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Aller plus loin dans la compréhension des solutions Une adhésion de poids au CESP : Facebook Facebook a rejoint le CESP, son adhésion étant concrétisée dès 2017.
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Aller plus loin dans la compréhension des solutions Digital Ad Trust : un label qualité pour la publicité en ligne Le CESP et l’ACPM ont été chargés par le SRI et l’UDECAM de la rédaction d’un référentiel pour l’établissement du nouveau label « Digital Ad trust », qui doit permettre d’accroître la confiance des annonceurs et des agences dans la qualité des inventaires. Où en est-on ?
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Breves Brèves
Un data scientist au CESP - La matinée Études IREP-CESP - Le CESP participe au Printemps des Études - Le STIF mise sur l'expertise du CESP - Le CESP à l'international - Le CESP à l'ICOM Global Summit - Trois communications du CESP à l'EMRO.
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  Études d’audience : l’utilisation de la modélisation et de l’hybridation chez Mediamétrie
 

Aurélie Vanheuverzwyn, Directrice Data Science chez Médiamétrie, a répondu à nos questions sur le recours grandissant à ces techniques pour créer des mesures de l’audience plus économiques et plus riches.

Aurélie VanheuverzwynQuelle est votre définition de la modélisation ?
Aurélie Vanheuverzwyn : La modélisation mathématique est la recherche d’une représentation simplifiée d’un phénomène, dans un but explicatif ou prédictif. La statistique nous donne les outils appropriés à la modélisation des données en tenant compte de leur caractère aléatoire. Par exemple, l’imputation de données manquantes à partir de l’analyse de données observées, dont la fusion de données est un cas particulier.

Quelle est votre définition de l’hybridation ?
L’hybridation consiste à mélanger deux sources d’information de nature et de niveaux différents, à les croiser mutuellement pour en créer une troisième, plus fine ou plus riche. Par exemple, les mesures d’audience Internet sur ordinateur et sur mobile développées par Médiamétrie reposent toutes deux sur un panel d’individus hybridé avec les résultats des mesures site-centric.

Observez-vous une tendance à un recours accru de la modélisation de données dans les études d’audience que conduit Médiamétrie et, si oui, pour quelles raisons ?
La convergence de plus en plus forte entre les médias nous conduit à rechercher une vision globale des contacts du public avec les médias. Si le single source peut paraître la solution idéale à cette problématique, sur le plan économique, la réponse est moins évidente.
Le rapprochement des panels par fusion statistique est une alternative moins coûteuse. Elle est basée sur un modèle de rapprochement construit à partir d’un panel single source ; cette approche s’avère tout aussi pertinente.

Et en ce qui concerne l’hybridation de données ?
Le développement du numérique a permis de disposer de nouvelles informations offertes par les données des voies de retour des opérateurs TV ou télécom. Celles-ci permettent ainsi de disposer de résultats exhaustifs sur le nombre de téléphones, d’ordinateurs ou de décodeurs TV connectés.
La mise en cohérence de données issues d’échantillons avec des données exhaustives est une démarche naturelle en théorie des sondages : dès lors que l’on dispose d’une information auxiliaire, il faut chercher à l’utiliser.
Le contexte médias n’échappe pas à cette démarche, et c’est pourquoi Médiamétrie a fait évoluer ses dispositifs de mesure d’audience vers des modèles hybrides.

Pouvez-vous donner un exemple dans chaque domaine ?
La mesure TV 4 écrans résulte du rapprochement des panels de mesure d’audience TV et Internet et des données site-centric du tag eStat Streaming, le socle de ce rapprochement étant le panel TV- Internet Google-Médiamétrie. Pour les mesures d’audience Internet, nous utilisons conjointement nos panels d’individus et les mesures site-centric.
Pour enrichir la mesure d’audience de l’Internet fixe, nous avons mis au point, dès 2012, une méthode d’hybridation dite panel-up qui rapproche les deux sources de données et permet d’apporter encore plus de précision statistique aux résultats d’audience. Nous avons fait de même en 2016 pour la mesure d’audience de l’Internet mobile.

Quel est, selon vous, le bénéfice pour le marché ?
Les données massives offrent l’exhaustivité des connexions et les mesures par panel apportent des informations au niveau individuel, en particulier le profil des visiteurs. Si les données massives ne comptabilisent pas des individus mais plutôt des machines, leur apport en matière de granularité et de précision, au sens statistique du terme, est réel.
L’hybridation de ces deux sources permet donc de créer une information plus riche et plus fine, les limites de l’une étant compensées par les forces de l’autre.

Quels sont les défis posés par ces deux techniques ?
En matière d’hybridation, la complexité réside dans la mise en cohérence des deux sources. Il s’agit d’une part de trouver des variables communes et mesurées de manière comparables malgré les différences de technologies de mesure et d’autre part de s’assurer que les périmètres de mesure sont également comparables.
Pour ce qui est des fusions, l’enjeu est d’être capable de restituer les corrélations entre variables. Cela sous-entend que l’on dispose, dans nos différentes études, de variables communes – les variables de pont – pertinentes.

 
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  Points de repère : les fonctions-outils du médiaplanning
 

Pour bien comprendre de quoi on parle, courts extraits de l’ouvrage à paraître « Fondements conceptuels et méthodologiques du médiaplanning », écrit conjointement par Jean-François Canguilhem et Marie-Pierre Cueff.

Probabilisation

Les audiences de référence des supports, directement issues de la mesure, sont des audiences statiques. Pour déterminer l’accumulation d’audience d’un support dans le temps, il faut faire appel à la probabilisation.
Elle consiste à attribuer à tout individu de la source d’audience une probabilité de fréquenter chaque support, considéré indépendamment des autres.

Fondements conceptuels et méthodologiques du médiaplanning

Voisinage entre individus
La recherche d’individus statistiques voisins, appelée communément recherche de jumeaux, concerne les fusions d’enquêtes, les typologies, la plupart des méthodes de probabilisation et la quasi-totalité des méthodes de modélisation micro-statistiques. Elle constitue la première branche du domaine très général de l’appariement entre sources de donnés, la seconde étant l’étalonnage des dites sources de données.

Étalonnage
L’étalonnage est un ensemble de fonctions correctives qui permettent, soit de ramener à une seule source d’audience un dispositif de mesure qui en possède deux, soit de caler les audiences probabilisées des supports sur leurs audiences de référence.

Fusion
Toute fusion est un processus d’appariement entre deux échantillons d’individus statistiques, dont le but est de transférer une propriété ou un groupe de propriétés depuis l’un des échantillons, appelé source, vers l’autre échantillon, appelé but. Un transfert de propriétés effectué par fusion consiste à apparier des paires d’individus voisins, appelés jumeaux (parfois sosies). Le jumeau donneur est choisi dans l’échantillon source ; le jumeau receveur est choisi dans l’échantillon but. L’ensemble des propriétés est transféré, paire par paire.
En médiaplanning, la fusion est utilisée pour importer dans la source d’audience de référence d’un média, les probabilités de fréquentation des supports d’un autre média, calculées dans la source d’audience de référence (distincte) de ce dernier.

Modélisation
On crée un modèle lorsqu’on a besoin d’interpoler ou d’extrapoler, dans le temps ou dans l’espace, un phénomène sur lequel on dispose déjà, sur des intervalles de temps limités ou sur des parties d’espace incomplètes, de données de mesure résultant d’une expérimentation.
La modélisation en médiaplanning n’échappe pas cette règle. Non seulement l’évaluation proprement dite des performances d’un plan s’obtient à partir d’un modèle, mais les meilleures méthodes de probabilisation et de transfert de propriétés sont en fait des modélisations.

 
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  Comment le CESP a accompagné MediaTransports dans le premier audit de l’affichage digital
 

A la demande de MediaTransports le CESP a audité les deux modèles d’estimation de l’audience DOOH* – Mobimetro (dans le réseau ferré RATP) et Mobigare (dans les gares) – dont la mesure des performances repose sur une modélisation des déplacements (itinéraires) des utilisateurs. Entretien avec Eric Merklen, Directeur Général Marketing, qui explique pourquoi il ne peut y avoir de mesure de l’affichage sans modélisation et quel a été l’apport du CESP.

Eric MerklenPour quelles raisons doit-on recourir à la modélisation dans le cas des gares et du métro ?

Eric Merklen : Les déplacements et les itinéraires possibles au sein de l’univers gares et métro sont particulièrement nombreux compte-tenu du nombre de correspondances, de couloirs et de quais. Ce grand nombre de déplacements et de stations de métro et de gares est un obstacle à une mesure par enquête dans chaque lieu.
Les stations et les gares ont des réseaux d’affichage disposés de façon différente et nécessitent d’avoir des informations détaillées au niveau de chaque station et de chaque gare. Aussi, un modèle devient nécessaire pour la mesure de ces réalités complexes.

Comment le CESP a-t-il accompagné MediaTranports dans ce premier audit de l’affichage digital ?
Le CESP a disposé de toutes les informations nécessaires à sa mission d’audit sous la forme d’échanges entre MediaTransports et la société réalisant le modèle Simaris (présentations, réunions).
Le CESP a développé une méthodologie spécifique à l’audit d’un modèle, en plusieurs étapes :
- Compréhension du modèle (vision globale et synthétique de l’ensemble du dispositif) ;
- Analyse des sources de données (enquêtes et cartographies) qui alimentent le modèle (qualité et viabilité des sources) ;
- Description claire et détaillée de la méthodologie : avec le recensement des hypothèses et des conventions ;
- Tests statistiques ;
- Observations sur le terrain du CESP pour valider les hypothèses du modèle ;
- Rédaction de l’audit et de la synthèse en collaboration avec un groupe de travail dont les membres sont issus du Comité Scientifique du CESP.

Plus précisément quels sont les apports d’un audit CESP pour une mission portant sur la modélisation ?
Il était important pour nous d’avoir le regard expert du CESP sur la mesure développée par la société Simaris en vue de valider son principe et d’étudier les améliorations éventuelles. En vue du rapprochement avec Affimétrie, il s’agissait aussi de valider que toutes les conventions de la mesure d’audience de l’affichage soient respectées.

metro gare

Parmi les recommandations du CESP, lesquelles ont été mises en place ou vont l’être prochainement ?
Les principales recommandations portent sur les conditions de visibilité des panneaux et l’amélioration de certaines parties du modèle. MediaTransports a d’ores et déjà intégré toutes les conditions de visibilité et procédé à des évolutions du modèle d’audience.

Quels bénéfices retirez-vous de cet audit pour la régie ?
Un audit du CESP apporte une légitimité de la mesure vis-à-vis du marché. Mais l’apport réside aussi dans l’amélioration, par des remarques et suggestions du CESP, de la qualité des modèles. L’audience est mesurée avec les mêmes conventions qu’Affimétrie.
Pour autant, le marché dispose de deux mesures d’audience non dédupliquées entre la ville d’une part, les gares et le métro d’autre part.

Saura-t-on un jour combien d’individus uniques ont été exposés à une campagne d’affichage sur ces différents lieux ?
Nous pensons qu’il est à l’ordre du jour d’étudier la déduplication de ces audiences. L’intégration dans Affimétrie pourrait apporter une solution à cette question.

*DOOH (Digital Out-of-Home, soit l’affichage digital urbain et l’affichage numérique indoor (aéroports, centres commerciaux…)

MOBIMETRO ET MOBIGARE EN BREF


Ces modèles de mesure d’audience
et outils de médiaplanning permettent de calculer :

  • Pour Mobimetro, les performances des écrans numériques implantés dans 100 stations du Métro-RER.
  • Pour Mobigare, les performances des réseaux d’affichage (papier et numérique) dans près de 850 gares en France.
 
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  Mesure de l’audience télévision : pourquoi GfK a choisi la voie de la modélisation pour les cinq ans à venir
 

Les explications de Dominique Vancraeynest, Global Lead Business Development Media Measurement du groupe GfK, qui nous parle du projet prioritaire « Audience Ascription Model ».
Présenté dans plusieurs pays en Europe – Allemagne, Italie, Belgique et Pays-Bas – il a pour objectif de combler les lacunes actuelles tenant à l’obligation d’avoir des échantillons de plus en plus importants, vu la fragmentation de l’offre et la diversification des comportements.


Dominique VancraeynestQuelle utilisation le groupe GfK fait-il de la modélisation sur la mesure d’audience des médias ?

Dominique Vancraeynest : GFK a développé un produit – The Audience Ascription Model – qui part d’un triple constat :
- La pression sur la taille des échantillons s’accroît de plus en plus du fait de la diversification de l’offre obligeant à chercher des alternatives au panel classique ;
- Il devient de plus en plus difficile de recruter des gens qui acceptent de participer assidûment à la mesure de l’audience, laquelle reste, aujourd’hui, en grande partie active. La composition du panel, qui doit correspondre en termes de structures aux critères sociodémographiques et comportementaux de la population, butte notamment sur la difficulté à convaincre les jeunes.
- Alors qu’il y a quelques années, il n’y avait qu’un seul poste de télévision installé au milieu du salon, le nombre de terminaux fixes et mobiles a explosé et il devient difficile de suivre la consommation média de façon continue sur tous les supports. De plus, installer un audimètre n’est pas toujours évident, d’où la nécessité de recueillir des données produites par des instruments de mesure nomades (smartphone, tablette…) dont les mesures doivent être retraduites dans une donnée utilisable, comme celle des données panel.

Vous utilisez donc la modélisation pour ne pas augmenter démesurément la taille des panels en important des données d’audience, comment ça marche ?
On installe des applications (software meters) qui vont mesurer l’audience de manière passive, nous dire par exemple quand et sur quel site web vont s’enregistrer les gens et ce qu’ils vont consulter.
Ils forment un panel qui va nous permettre de compléter toute l’information qui nous manque quand on mesure uniquement le poste de télévision fixe; ces outils de mesure digitaux nous permettant de savoir à chaque fois quand ils utilisent la fonction vidéo, quand ils ouvrent leur tablette, etc.

Y-a-t-il d’autres sujets pour lesquels vous avez recours à la modélisation ?
Le Census measurement (la mesure du trafic). La question posée étant : comment passe-t-on de l’info panel vers l’info census avec la même granularité ? On modélise l’info trafic (census) à partir du panel TV ou on-line équipé d’outils de mesure digitaux. Cela nous permet de travailler sur une source plus importante et d’aller du niveau machine vers le niveau individu. Combiner le foisonnement des données provenant des machines avec la richesse obtenue quand on utilise les individus comme information est très complet et intéressant.
Plus le modèle est sophistiqué, plus les informations sont pointues, plus elles permettent d’avoir des résultats sur des sites moins fréquentés.

Mesure audience television

La mesure du multiscreen à l’aide d’une approche single source aurait, selon certains, des limites et ils semblent davantage partisans d’une modélisation. Quelle est votre position sur ce sujet ?
Pour répondre à cette question, il faudrait déjà définir ce qu’est cette mesure single source. On constate qu’elle a deux acceptations. Pour certains, il s’agit de collecter toutes les informations auprès d’un même individu qui consomme sur l’ensemble des plateformes. Pour d’autres, la mesure est issue d’une banque de données qui contient déjà de la modélisation. Or, aujourd’hui, on peut se dire qu’il n’est plus possible de collecter sur un même individu la consommation médias sur tous ses outils.

Quelles sont les limites de ces nouvelles approches de modélisation dans ces mesures d’audience ?
La principale limite c’est le nombre de sites web prêts à participer, donc à appliquer un tag. Si tel n’est pas le cas, on perd du trafic. Or des géants comme Facebook ou Google ne sont souvent pas (encore) intégrés dans la mesure d’audience qui reste essentiellement nationale. Pouvoir les intégrer doit être fait sur une base partagée, cela requiert donc un consensus entre les sites et les utilisateurs. Or, ces grands groupes ont du mal à s’intégrer dans un modèle fédérateur, utilisé depuis plus de 30 ans. La deuxième limite, tient à la nécessité, pour que le système fonctionne bien, de créer un consensus pour classifier le contenu et les sites, à savoir l’établissement d’une taxonomie globale.
Peut-être le CESP qui s’est internationalisé à très grande vitesse pourrait-il jouer un rôle en apportant son expérience européenne, développée également en Asie, au Moyen-Orient, mais aussi en Afrique, pour fédérer les efforts et répondre ainsi à un besoin mondial ?

Et quelles sont les opportunités ?
La publication de données en temps réel, car c’est un avantage énorme, dans le processus d’achat d’espace, de pouvoir adapter une campagne en temps réel.

Peut-on d’ores et déjà envisager une échéance ?
Les utilisateurs nous pressent et nous sommes soucieux de répondre aux besoins du marché. Je dirais à l’horizon 2022-2023. Mais en disant cela, on risque de tirer des plans sur la comète car la technologie évolue. De ce fait, les marchés acceptent difficilement des perspectives sur des périodes beaucoup plus longues. Nous devons donc continuer sur notre lancée tout en nous adaptant.

 
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  Comment comScore utilise la technologie SAT
 


comScore privilégie une approche passive pour mesurer l’audience d’Internet, c’est tout l’enjeu de l’algorithme SAT…


Lorsqu’un individu du panel MMX de comScore surfe sur son ordinateur, il n’y a pas de pop-up d’identification individuelle : l’audience est recueillie au niveau « machine » et un algorithme a été conçu par comScore pour individualiser le surf, i.e. passer du niveau « machine » au niveau « individu ».
Ainsi, lors de leur recrutement, comScore ne recueille ni la composition du foyer des panélistes, ni la liste des utilisateurs de l’ordinateur équipé du meter. Au contraire, les objectifs de l’algorithme de comScore sont doubles (avec 2 modélisations successives) :
- Phase 1 : Construire une liste (appelée le « roster ») qualifiée sexe x âge d’usagers réguliers de la machine
- Phase 2 : Attribuer une session donnée à un individu de la liste établie en Phase 1

comScore

Au cours de l’audit sur du panel MMX en 2012-2013, le CESP a eu accès aux tests et validations réalisés par comScore. Barbara JARZAD, Senior Vice President Panel Science chez comScore a répondu à nos questions :

Pourriez-vous nous expliquer comment l’algorithme SAT est validé par comScore?
Comme mentionné, le meter de comScore recueille toutes les activités web de manière passive. Cette approche non-intrusive est un point fondamental du SAT (Session Assignment Technology), technologie propriété de comScore, qui nous permet 1) d’identifier quel membre du foyer utilise la machine mesurée et 2) d’assigner chacune des sessions à un visiteur unique.
La technologie SAT est continuellement mise à jour et validée au fur et à mesure des ajustements et des développements ‘naturels’ des sites web et des technologies internet. comScore dispose d’un atout indéniable pour valider l’algorithme SAT : un panel de machines à travers plusieurs pays où les panélistes sont identifiés grâce à un pop-up d’auto-identification qui permet de sélectionner un utilisateur parmi la liste des membres du foyer (déclarés lors du recrutement).
En comparant les résultats de la technologie SAT avec l’auto-identification de l’usager et d’autres indices d’identification recueillis lors de la session web, comScore peut continuellement calibrer son algorithme SAT et ses sources de données.

Lors du recrutement des panélistes, avez-vous ajouté de nouvelles questions pour améliorer l’efficacité du SAT ?
Bien que les questions d’identification soient restées inchangées, comScore a apporté de nombreuses améliorations à la technologie SAT dont une sophistication plus accrue des méthodes qui prennent désormais mieux en compte trois points:
1) la fiabilité relative des sources (donnant par exemple plus de poids aux informations auto-déclarées),
2) la proximité temporaire des données d’identification,
3) les nouvelles méthodes-sources d’identification des activités web.

comScore

comScore utilise-t-il le même algorithme, ou un algorithme de même type, pour la mesure mobile ?
Selon comScore, chaque appareil mobile correspond à un seul utilisateur ; il n’y a donc pas de comportements multi-usagers. Par définition, la mesure mobile peut donc être passive. Le processus d’identification mobile standard apporte davantage d’informations auto-déclarées sur l’usager/propriétaire unique de l’appareil mobile.
Dans les cas où des informations démographiques clés manqueraient, les techniques SAT similaires peuvent être déployées pour la mesure mobile, avec malgré tout des ajustements à faire spécifiques aux algorithmes d’identification des utilisateurs liés à l’usage du web mobile.

Quelles ont été les recommandations du CESP prises en compte par comScore ?
comScore a pris en compte plusieurs des recommandations du CESP, et ce, dans les principaux domaines méthodologiques, notamment dans la précision du processus d’estimation de l’univers, les outils d’identification du panéliste ou encore dans le processus SAT. Sur ce dernier point notamment, nous avons amélioré l’utilisation des données démographiques auto-déclarées par le panéliste, les strates de pondération de l’échantillon, et les marges d’erreurs du reporting dans l’outil MMX.

Dans quel pays, comScore est-il désormais le standard pour la mesure d’audience Internet ?
Suite à notre récente nomination en Finlande, comScore est désormais la mesure d’audience Internet standard dans six pays à travers le monde, dont le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Indonésie, la Malaisie et plus récemment la Norvège avec l’acquisition du système de mesure Internet Kantar TNS. comScore offre également une mesure cross-media grâce à un tagging et une collecte de données avancés, dans trois pays additionnels dont les Pays-Bas, la Suède et la Turquie.

 
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  Une adhésion de poids au CESP : Facebook
 

Facebook a rejoint le CESP, son adhésion étant concrétisée dès 2017. Valérie Morrisson, Directrice Générale du Centre d’études des supports publicitaires, se réjouit de cette adhésion : « Compte tenu de l’importance de Facebook sur le marché de la publicité en ligne, il était important pour le CESP que cet acteur majeur puisse contribuer aux débats qui ont lieu au sein de notre association interprofessionnelle. »

Facebook

Gérard Noël, Président du CESP, déclare de son côté : « Facebook qui rejoint le CESP, c’est une excellente nouvelle pour toute la communauté des médias, des agences et des annonceurs. C’est une fois de plus la reconnaissance du rôle d’expert professionnel et indépendant et de tiers de confiance du CESP, en France et à l’International, qui fête cette année ses soixante ans ».
Le CESP est par ailleurs en discussion avec l’équipe Measurement de Facebook pour la mise en place d’un audit de ses métriques. Une proposition a été envoyée à Facebook début mars.

 
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  Digital Ad Trust : un label Qualité pour la publicité en ligne
 


Le CESP et l’ACPM ont été chargés par le SRI et l’UDECAM de la rédaction d’un référentiel pour l’établissement du nouveau label « Digital Ad trust », qui doit permettre d’accroître la confiance des annonceurs et des agences dans la qualité des inventaires. Où en est-on ?

Digital Ad Trust La labellisation portera sur cinq dimensions clé : la brand safety, la visibilité, la fraude, l’expérience utilisateur et le respect des données personnelles. La sélection des critères s’opère dans le cadre d’un travail interprofessionnel réunissant régies du SRI, agences de l’UDECAM, GESTE, UDA et IAB.
La démarche s’appuie également sur les bonnes pratiques validées par la profession en liaison avec l’ARPP.
Les premières certifications pour ce label de qualité B2B de la publicité digitale décerné aux sites et applications des régies sont prévues durant l’été. Le choix de l'organisme de contrôle sera fait à l'issue d'un nouvel appel d'offres.

En savoir plus : www.cesp.org/fr

 
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Un data scientist au CESP.
Rali Kokos, 27 ans, détenteur d’un master « Statistiques et Traitement des Données » précédemment en stage chez Pages jaunes (Solocal Group) a rejoint le CESP le 4 janvier dernier. Ayant une expérience en modélisation et en programmation, Rali Kokos travaille notamment sur l’hybridation mobile (en charge de la partie statistique) et sur les dimensions certification et traitement du big data.

Double innovation pour la traditionnelle matinée Etudes IREP-CESP cette année : l’IREP et le CESP s’associent à l’IAB pour traiter d’un thème ambitieux « Mesures et efficacité sur le digital, état de l’art et perspectives ».
A cette occasion, la matinée se transforme en journée. Réservez dès à présent le 22 juin.

Nouvelle participation du CESP au Printemps des Etudes. Comme chaque année, le CESP est partenaire du Salon du Printemps des Etudes (qui se déroule du 20 au 21 avril au Palais Brongniart à Paris) et participe à la conférence des associations professionnelles qui aura lieu le vendredi 21 à 15H15. Thème retenu : « Blockchain, comment dérouiller les craintes ? »

Le Syndicat des transports d'Île-de-France (STIF) mise sur l’expertise terrain du CESP. Il lui a confié une mission sur quatre ans pour auditer la réalisation de l’enquête de perception de la qualité de service dans les transports en commun, menée par l’IFOP pour le STIF. Chaque année, plus de 130 000 interviews sont réalisées par les enquêteurs de l’IFOP sur les réseaux RATP et SNCF.

Le CESP à l’international : l’état d’avancement des audits initiés à l’automne :
Au Portugal, le CESP a présenté au marché les conclusions et recommandations de l’audit du système d’audience de la télévision débuté en septembre 2016.
En Arabie Saoudite, il a partagé avec les souscripteurs le deuxième audit de la mesure d’audience de la TV en cours de déploiement.
En Russie, le CESP vient de terminer un audit complet du système de mesure d’audience TV. ll va poursuivre sa collaboration avec Vciom-Media, nouvelle entité en charge de la mesure d’audience dans ce pays. Parmi les projets : le contrôle du terrain de l’étude de cadrage 2017 de la mesure d’audience de la télévision russe et l’accompagnement d’un audit des procédures informatiques de l’institut.

Le CESP interviendra à l’I-COM Global Summit qui se tiendra à Porto du 25 au 27 avril prochains. Valérie Morrisson y présentera l’initiative Digital Ad Trust et participera à une table-ronde aux côtés du MRC, de l’IAB Europe, de l’ABC et de White Ops.

Trois communications du CESP à l’EMRO qui se tiendra du 21 au 23 mai à Lucerne. Françoise Dupont présentera un papier sur l’impact de la suppression de la filière CAPI sur l’enquête ONE avec Nicolas Cour de l’ACPM, Dany Péria partagera un constat sur les évolutions des demandes du marché concernant Internet et Olivier Daufresne co-présentera un papier sur l’audit réalisé en Russie avec Vladimir Shchipkov.

Erratum
Rectification à apporter à l’interview de Bruno Schmutz parue dans Le Forum de l’audience N°13. Dans cet article, Bruno Schmutz indiquait qu’Ipsos avait « gagné un pitch » aux Pays-Bas, or l’appel d’offres pour la mesure de la radio était encore en cours à la date de publication de la newsletter du CESP. Ipsos avait en fait vendu un pilote de sa technologie.
Concernant l’Australie, la mesure de la radio n’est pas encore réalisée via de l’audimétrie individuelle portée. « Seul un test a été mené à date par GfK dont on ne sait pas encore quelle sera la prochaine étape », nous a précisé Giorgio Licastro, Head of Product Radio Consumer Choice, GfK.

 
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16 mai  : Collège Internet (9h30 - 11h)

7 juillet : Collège Internet (9h30 - 11h)

 
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